Entreprises, mobilisez votre savoir et vos données au service de l’intérêt général
Par Constance Baudry, fondatrice de l’Agence Constance
Les entreprises sont à un moment clé de leur histoire. Chacune d’elles peut désormais revendiquer porter une partie de l’intérêt général. Elles sont aujourd’hui attendues par leurs clients, leurs collaborateurs et plus largement la société civile, pour contribuer utilement au débat public et à l’avènement d’une société meilleure. Ce rôle est d’ailleurs consacré en France avec la loi Pacte qui crée le statut d’entreprise « à mission ».
Face aux enjeux sociaux et environnementaux, l’attente vis-à-vis de l’entreprise est d’autant plus forte que les corps intermédiaires n’ont jamais été aussi affaiblis (syndicats en mal d’adhérents, partis politiques traditionnels secoués par de nouvelles formes d’engagement…), dans un contexte de défiance généralisée à l’égard des institutions ou des médias.
C’est un mouvement de fond tel, qu’il dépasse largement le « greenwashing » que certains prêtent aux entreprises qui prennent désormais en compte ces enjeux et basculent dans cette nouvelle ère. Cela devient un critère de sélection pour les clients et la condition de l’engagement des collaborateurs au quotidien.
UNE EXPERTISE UTILE AU DEBAT PUBLIC
Pour répondre à ces nouvelles attentes, chaque entreprise est susceptible de mobiliser son savoir et ses données au service de l’intérêt général. Cette expertise est précieuse pour le débat public, afin d’éclairer les citoyens et les choix politiques.
Prenons un exemple : à la veille d’une réforme sur la prise en charge des personnes âgées, qui mieux que les gestionnaires d’Ehpad ou les financeurs de la protection sociale peuvent nous donner un point de vue pertinent, fruit d’une expérience que nul autre ne peut revendiquer ? Les mutuelles, étant à la fois gestionnaires et financeurs, ont ainsi contribué utilement au débat en produisant un observatoire décryptant les principales données et mettant en lumière l’enjeu des restes à charge insupportables des résidents en Ehpad.
Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres. Chaque entreprise pouvant, dans son domaine, apporter sa pierre à l’édifice. Qu’y gagne-t-elle ? En s’inscrivant dans une démarche de ce type, elle se donne une nouvelle visibilité, les médias étant intéressés par toute information inédite, solide et experte. Elle donne du sens à son action et fidélise ses collaborateurs qui n’ont jamais été autant en demande de sens. Elle assoit enfin sa légitimité d’entreprise citoyenne et apporte la preuve de son engagement vis-à-vis de ses clients qui rejoignent, les uns après les autres, la foule des consommateurs.
Le professeur Muhammad Yunus, Nobel de la Paix, fondateur de la 1ere institution de micro crédit, intervenait à Paris au début du mois d’octobre 2019, face à de grandes entreprises pour partager ses convictions sur le Social Business. « Quand j’identifie un problème dans lasociété, je crée une entreprise pour le résoudre », explique-t-il. « Alors, vous-mêmes, choisissez un enjeu qui vous tient à cœur et essayez de lui apporter une solution ». Inspirant.