ZEUS & GAÏA

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Comment devenir un leader de la transition bas-carbone, ou les 3 piliers d’un nouveau modèle économique

 

Plus de cinq ans après les Accords de Paris en 2015, comment expliquer que les budgets carbone de la France ne soient toujours pas respectés ? En décembre 2015, parties prenantes publiques et privées avaient pourtant collectivement défini les actions qui permettraient de contenir le réchauffement de la planète à +2°C d’ici 2050.  Mais la transformation vers un monde bas-carbone, qui seul permet cette atténuation, s’avère beaucoup plus complexe que prévu. Elle nécessite la transformation du modèle économique des grandes entreprises.

 

Si l’on part du postulat que la volonté de changement est là, pourquoi la mise en œuvre ne suit-elle pas ? Que faudrait-il pour que les entreprises réussissent à mettre sur le marché des produits et services « bas-carbone » et ainsi, à faire évoluer les pratiques de consommation sur leurs différents marchés (en France, en Europe et dans le monde) ? Comment les entreprises françaises peuvent-elles lever les freins pour saisir l’opportunité historique de devenir les championnes de l’économie verte de demain ?

 

Trois piliers sont essentiels à la transformation des entreprises vers un modèle économique bas-carbone. Si l’un d’eux manque, l’édifice aura du mal à tenir. C’est un nouveau modèle à construire. Rapidement.

 

Tout commence par une prise de conscience, à tous les niveaux de l’entreprise, en particulier le long de la chaîne managériale et par quelques révisions scientifiques, nécessaires à cette prise de conscience ! Il s’agit de comprendre les phénomènes de dérèglement climatique en cours liés aux émissions de gaz à effet de serre, les principales causes de ces émissions (déplacements, habitat, agriculture, production industrielle…), les manières de les réduire (sobriété, innovations, électrification…) et le rôle que l’entreprise peut jouer à son niveau.

 

En quelques semaines ou quelques mois, l’ensemble des salariés peuvent être formés avec des outils comme la Fresque du Climat (qui vulgarise les travaux du GIEC) ou la Fresque de la Renaissance Ecologique (qui permet de construire un avenir écologique désirable). Cette prise de conscience est un prérequis pour trouver les innovations qui permettront de mettre sur le marché des produits et services compétitifs et verts.

 

Choisir les projets qui auront le plus d’impact sur l’empreinte carbone de l’entreprise, à tous les niveaux, et en évaluer les progrès requièrent ensuite une comptabilité carbone fine, opérationnelle et liée aux autres indicateurs business. Cette comptabilité carbone ne doit pas uniquement être destinée aux reporting extérieurs qui relèvent de la responsabilité des Directions RSE, mais servir aux équipes business à évaluer l’impact de leurs projets sur l’empreinte carbone des activités.

 

A cet égard, Lafarge Holcim offre un exemple de bonne pratique. Pour accélérer la mise sur le marché de ses ciments les moins intensifs en carbone, le leader mondial des solutions de construction a mis en place un suivi de la demande, pays par pays, entre les équipes commerciales / RSE / R&D. Ce suivi permet ainsi aux Business Units géographiques de promouvoir les ciments les moins intensifs en carbone en s’adaptant à la demande de chaque pays.

 

 

 

TRANSITION JUSTE

 

Troisième pilier : l’interdisciplinarité, le décloisonnement et l’ouverture à des compétences nouvelles. Pour parvenir à construire des modèles économiques décarbonés dans l’horizon de temps de l’Accord de Paris (2050), il y a peu de place pour le tâtonnement et l’approximation. Il est nécessaire de faire l’effort d’aller chercher les meilleurs experts, les plus sachants, où qu’ils se trouvent et même si ces expertises paraissent parfois très éloignées du cœur de métier de l’entreprise.

 

Les cogniticiens, en expliquant les mécanismes à l’œuvre dans le cerveau, peuvent ainsi renforcer l’efficacité des rénovations énergétiques en évitant les effets rebonds (qui conduisent les habitants d’un logement rénové à chercher à augmenter leur confort plutôt qu’à baisser le chauffage).

 

Les linguistes, en éclairant les commerciaux sur les termes à employer pour valoriser les bénéfices environnementaux des produits et services, peuvent permettre d’éviter le double écueil du « greenwashing » et des termes trop techniques, qui font fuir les consommateurs.

 

Enfin, les philosophes, penseurs de la complexité (au sens d’Edgard Morin) sont les plus à même d’aider des équipes marketing à concevoir les externalités environnementales positives et négatives des produits et services.

 

Pour conclure, ma conviction est que la transformation des entreprises françaises vers un nouveau modèle bas-carbone sera pleinement aboutie si elle est perçue comme juste par l’ensemble des parties prenantes internes et externes, si elle permet d’embarquer l’ensemble des populations, sans en laisser sur le bord du chemin. Pour penser cette transition de manière juste, le Haut Conseil du Climat appelle ainsi à des débats ouverts, dans toute organisation, pour co-construire des feuilles de route vers des modèles décarbonés, à la hauteur des ambitions climatiques de l’Accord de Paris et des exigences de solidarité du modèle social français. A votre disposition pour accompagner cette transition !

 

Isabelle Viennois, fondatrice de Zeus & Gaïa, la plateforme d’experts de la transition environnementale